Match COVID-19 / AirBnB. Qui va gagner ?

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· publié le
24.11.2020
· mis à jour le

Après l’article sur les impôts et les taxes que je vous ai infligé la semaine dernière, je vous propose, aujourd’hui, un sujet moins ardu mais, je l’espère, enrichissant.
Quand on dit immobilier locatif rentable, on pense tout de suite à Revenus-Locatifs.com et à … AirBnB.

Mais, à propos de la plateforme locative AirBnB, faut-il dire « On pense » ou « On pensait » ? Et, que dira-t-on demain ?
En effet la crise sanitaire de la COVID-19 est passée par là et, pour AirBnB comme pour beaucoup d’autres, plus rien ne sera exactement comme avant. 

Quelques chiffres pour bien cerner de qui nous parlons :
- Juillet 2011 : l’entreprise lève 119,8 millions de dollars.
- Mars 2015 : nouvelle ronde de financement qui la valorise à 20 milliards de dollars.
- Mars 2017 : nouvelles levées de fonds et valorisation portée à 31 milliards de dollars.
- Avril 2020 : touchée de plein fouet par le confinement prolongé d’une grande partie de la planète, la société lève 1 milliard de dollars en dette et actions pour résister à la crise. Sa valorisation en bourse est abaissée à 25 milliards de dollars (18 milliards selon CNBC).
 

Après une interminable période de rumeurs et d’incertitudes, le processus d’entrée en Bourse prévu pour le début 2020 est tout de même lancé fin août 2020. 

Vous aurez compris que ces chiffres concernent AirBnB et non Revenus-Locatifs.com, puisque nous n’existons que depuis juin 2019.

I. Où naissent les licornes ?

Nous comparer au leader mondial de la location entre particuliers était bien évidemment un joke. Nous ne faisons pas le même métier, ne boxons pas dans la même catégorie et n’avons pas, non plus, la même fiscalité.
Il est tout de même amusant de constater que le succès de sociétés, dont on ne pouvait même pas imaginer l’existence au tout début de ce siècle, est dû à l’émergence de nouveaux concepts qui trouvent leur origine dans l’expérience personnelle de leurs créateurs.
Brian Chesky et Joe Gebbia ont créé AirBnB pour pallier au problème de paiement de loyer qu’ils rencontraient et j’ai pensé à Revenus-Locatifs.com suite à l’acquisition d’un premier bien qui m’a fait entrevoir la possibilité de vivre ma vie comme je l’avais toujours imaginé.
On retrouve ce principe créateur quand on remonte à l’origine de nombreuses licornes
.
Notre génération d’entrepreneurs, que ceux qui se sont laissés dépasser par les réalités accusent de déshumanisation pour cause de dépendance aux technologies numériques, est bien au contraire en prise directe avec l’humain par sa connexion constante avec le réel.
En état de veille permanente
, elle ne reste pas braquée sur sa seule part de marché, elle scrute les comportements et les évolutions sociétales et a intégré dans les fondements mêmes de sa raison d’être le principe d’anticipation (même si cela n’était pas possible dans le cas d’AirBnB et de l’émergence d’un nouveau coronavirus).

Analysons donc le comportement d’AirBnB pour en mesurer les capacités de réaction, d’adaptation, de résilience et en tirer des enseignements.

0,12 microns contre 31 milliards de dollars.

Quand nous avons vu cet acteur clé du tourisme mondial et de la location entre particuliers chanceler, à cause d’un virion de 0,12 micron, peut-être né au fin fond d’une forêt de la province de Hubei, à plus de 12 000 kilomètres de Wall Street, nous nous sommes dit qu’il ne pouvait y avoir d’ambition sans modestie.

Avec le confinement et la paralysie du tourisme dans le monde entier le chiffre d’affaires de la plateforme s’était vertigineusement écroulé. À Paris, l’une des destinations les plus recherchées, il avait brutalement chuté de 70%.
Début mai, le géant vacillait dangereusement. Allait-il tomber ?
Le licenciement du quart des effectifs était devenu inévitable et on se préparait à un chiffre d’affaires divisé par deux.

Mehdi Farajallah, professeur en stratégie à Rennes School of Business est formel :
« Les consommateurs veulent contrôler leur environnement immédiat pour être rassurés. Cela peut favoriser certains acteurs du secteur qui réduisent le nombre d’intermédiaires et de personnes présentes au même endroit. »
Et, à propos d’AirBnB : « C’est l’un des acteurs qui a le plus basé sa stratégie sur la confiance, pierre angulaire de l’économie collaborative, dès ses débuts. »

Et de la confiance, il en fallait… Aux méfaits de la COVID-19 s’ajoutaient les critiques des détracteurs : responsabilité dans la hausse des prix de l’immobilier, incitation au tourisme de masse, déresponsabilisation fiscale, politique salariale désastreuse… Pour encore davantage noircir le tableau, son statut d’intermédiaire devenait pénalisant en l’obligeant à arbitrer dans les problématiques de remboursement entre les loueurs et les locataires.

Brian Chesky, directeur d’AirBnB, confirmait les propos de Mehdi Farajallah.

Au début de la crise, il évoquait une occasion de revenir « aux racines et aux bases » et prédisait que, dès qu’elle serait terminée, on assisterait à une exigence encore plus marquée pour le contact humain.
Ce contact humain qui était justement leur ADN
 : « Notre mission est que chacun se sente accepté et puisse tisser des liens, partout dans le monde, grâce à des particuliers qui ouvrent la porte de leur logement et proposent des expériences. Nous mettrons de nouveau cette mission au cœur de nos préoccupations, et redoublerons d'efforts pour vous aider »

Mais avant de mettre en place la location de plus longue durée, les services pour assurer la propreté des logements ou le développement d’ "expériences" (cours de cuisine, de photos, tours de ville… ) qu’il ne manquait pas d’évoquer, il fallait concrétiser ses bases humaines et collaboratives sur le terrain de la pandémie.
AirBnB propose alors aux loueurs de mettre leurs logements à disposition des soignants, élabore des processus de nettoyage renforcé, tranche avec la brutalité de certains en accompagnant dans les licenciements et en proposant des compensations conséquentes.

Les temps étaient difficiles pour AirBnB, mais son image n’était plus celle d’un affreux suppôt de l’ubérisation, Yankee de surcroit.

Un retour aux fondamentaux qui représenterait la voie de salut pour un secteur qui s’était perdu au fil du temps, assure la spécialiste April Rinne : "L'économie du partage prospérera lorsqu’elle s'alignera sur ses valeurs d'origine, en remettant à l’équilibre le profit et les bénéfices économiques et sociaux qu’elle peut engendrer"

COVID-19 : 1 / AirBnB : 1

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II. Les mauvais comportements ont horreur du vide…

L’image était moins écornée que prévu mais, le confinement, lui, condamnait les touristes américains, chinois, japonais, russes… à ne pas venir en France.
Réservations en chute libre sur la plateforme, annulations en cascade, tous ces appartements vides n’ont pas manqué de donner de mauvaises idées à certains.
Il convient d’être prudents et de ne pas accorder du crédit à toutes les incivilités qui auraient été constatées, mais quand celles-ci sont rapportées par la mairie de Paris on peut les prendre en compte.
Bon nombre de AirBnB vides auraient été occupés illégalement. L’adjoint au Logement de la ville, Ian Brossat, affirme avoir reçu plusieurs signalements à ce sujet.

Appartements dévastés par des squatteurs indélicats, tapage nocturne, soupçons de trafic de drogue, prostitution

Interrogé à ce sujet, AirBnB relativise en parlant de cas rares isolés et écrit dans un communiqué « Nous n'avons pas obtenu d'éléments suggérant que ce problème soit lié à Airbnb et nous n'avons pas été contactés par les autorités de police à ce sujet… nous n’observons pas de hausses de demandes de renseignements de la police locale depuis le début du confinement ».
Autre dérive relevée dans une lettre que Ian Brossat avait adressée au ministre du Logement, Julien Denormandie, et où il s’inquiétait du respect de l'encadrement des loyers : « Un certain nombre de propriétaires, faute de pouvoir louer à des touristes, louent désormais en bail-mobilité, c'est à dire à des étudiants, des apprentis, qui sont là pour une certaine période, entre un et neuf mois…
Et si ça c'est plutôt une bonne chose, le problème c'est que l'encadrement des loyers n'est pas du tout respecté, j'ai vu l'exemple d'une chambre de bonne de 10 mètres carrés louée à 1 000 euros le mois, soit 100 euros du mètres carré, alors que l'encadrement des loyers prévoit autour de 30 euros du mètres carré »
.

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III. Incivilités… en toute légalité

Après le confinement, la liberté de circuler est revenue mais pas les touristes étrangers…
Pour pallier à la fermeture des boîtes de nuit et à l’interdiction de certains rassemblements festifs, d’aucuns louent des logements sur la plateforme en toute légalité, pour organiser des soirées
. Et, une soirée avec seulement deux personnes s’appelant un tête à tête et n’étant pas obligatoirement synonyme d’ambiance de folie (quoique…), on retrouve souvent plusieurs dizaines de personnes réunies pour faire la fête dans des lieux qui n’ont pas été prévus à cet effet.
Au delà des nuisances subies par les propriétaires et le voisinage, que nous avons citées précédemment (dégradation des lieux, tapage nocturne), ces rassemblements qui ont lieu, sans aucun respect des gestes barrières, sont un véritable fléau pour la maitrise de la pandémie.
Pour lutter contre ces dérives, AirBnB avait interdit, en juillet, toute réservation pour organiser des fêtes et la présence de plus de 16 personnes par appartement.
Les réservations effectuées par les moins de 25 ans étaient tout particulièrement surveillées.

La récente mise en place du couvre feu et la recommandation d’éviter les rassemblements de plus de 6 personnes dans les espaces privés ne sont pas faites pour arranger les affaires d’AirBnB qui est souvent montré du doigt comme pépinière à clusters.

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IV. Et maintenant ?

D’ores et déjà, on peut confirmer les prévisions du printemps et affirmer que la plateforme va afficher en 2020 un chiffre d’affaires réduit au moins de moitié par rapport à celui de 2019.
Le frémissement des séjours courts à côté de chez soi, que l’on notait dernièrement, va être négativement impacté par les nouvelles mesures sanitaires.

Nul ne sachant quand on pourra parler de reprise et toute projection dans l’avenir relevant de la science-fiction, le seul mot d’ordre est « Tenir. Tenir ».

David Lebée, CEO de Dayuse, pense que les hôtels vont récupérer des parts de marché sur AirBnB car ils sont, dans l’inconscient collectif, davantage sécurisés sur le plan sanitaire qu’un appartement loué par un particulier.
Il anticipe des effets négatifs nombreux à cause de la fragilité du parc locatif de la plateforme. En effet, l’industrie hôtelière est consolidée depuis longtemps alors que le modèle AirBnB est plus fragile car basé sur des particuliers qui sont tous seuls pour faire face à la crise.
En juillet, il pensait , en parlant d’AirBnB, que « Eux-mêmes ne savent pas encore quelles direction ils prendront dans les prochaines mois ou années… »
Mais, confirmant les termes du début de notre article il pondérait son propos : « Cependant, Airbnb n’a plus à prouver sa capacité à se relever. Ils ont réussi à créer une véritable image de marque qui reste très attractive.
En revanche ils vont connaître une période de grande difficulté qui va obliger la société à revoir son modèle. Si cela risque de prendre du temps, il va tout d’abord falloir commencer à revoir l’organisation, ce qu’ils ont déjà commencé à faire. »

 

À ce stade nous dirons : COVID-19 / AirBnB : match en cours. Avantage ?
Mais nous aurions tendance à croire en la capacité de rebond d’AirBnB.

 

V. Le système et l’écosystème

Chez Revenus-Locatifs.com, nous pensons que notre positionnement nous privilégie en ces temps qui se révèlent critiques pour tellement d’activités.
Le « Chez-soi » est une valeur plus sûre que jamais et la location longue durée a de beaux jours devant elle.

De ce match contre la Covid-19, nous retiendrons que ce sont la confiance, le sens du service, la préoccupation de l’humain, toutes ces notions, pas toujours présentes chez les start-up importantes, qui peuvent faire gagner AirBnB.
Leur système, évidemment, est puissant et s’est longtemps avéré performant, mais il s’écroulerait comme un château de cartes s’il n’était pas soutenu par un écosystème bienveillant.

Revenus-Locatifs.com est incapable de prédire avec certitude le résultat final de ce match mais peut vous assurer qu’il fait et continuera à faire son maximum pour que ses investisseurs soient les grands gagnants de l’immobilier locatif rentable. Ensemble, nous formerons toujours une belle équipe !

 

A très bientôt,

Kévin Savonni

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PS. : Le match n’est pas terminé et nous souhaitons bonne chance à AirBnB.

 

Sources

- novethic https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/isr-rse/pour-l-economie-collaborative-la-crise-du-covid-va-t-elle-marquer-la-fin-de-partie-ou-un-retour-aux-fondamentaux-148608.html
- La Tribune
https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/airbnb-leve-1-milliard-de-dollars-pour-resister-au-coronavirus-l-entree-en-bourse-repoussee-844608.html
- France Bleu
https://www.francebleu.fr/amp/infos/societe/paris-des-airbnb-vides-seraient-ils-occupes-illegalement-pendant-le-confinement-1588706697
- franceinfo
https://mobile.francetvinfo.fr/internet/airbnb/locations-entre-particuliers-la-lutte-contre-les-derives-s-organisent_4082065.amp
- Tom
https://www.tom.travel/2020/07/30/airbnb-crise-societe-revoir-son-modele/amp/

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